Fondation Moi pour Toit

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Dans la cour des miracles
Par: Fondation Moi pour Toit
Dans:Presse
Le 4 Août 2013

Huit Valaisans l’ont célébrée en Colombie au milieu des enfants de la Fondation Moi pour toit. 

Amour. Humour. Pour un 1er août pas comme les autres. Sans discours officiel, mais avec des mots qui vous emportent l’âme dans un autre monde. Nous sommes dans un autre monde. Celui de la solidarité, du partage, de l’espérance. Nous sommes au foyer mixte de la Fondation Moi pour toit. Au milieu de ces enfants dont le regard vous fait briller le coeur sans feux d’artifice. Eclats de rire et de vie qui montent dans le ciel de Pereira comme un chant d’oiseau dont le vol est éternel.

Neuf heures du matin pas chagrin. Huit Valaisans entrent dans la cour du foyer, accueillis par une haie humaine et colorée. Les professeurs du centre éducatif ont fabriqué leur costume typique… suisse. Au centre, Carolina, 10 ans, et sa robe aux trois couleurs du drapeau de la Colombie. Carolina a été élue représentante de la centaine d’élèves de l’école de la fondation au terme d’une petite campagne électorale et d’un jour d’élection. Appren tissage de la démocratie et du civisme dès l’enfance qui n’est pas tendre pour ces gosses du mépris, de la maltraitance et des abus de tout ordre.

Aux quatre épingles… suisses

Dans un coin du décor, le drapeau du Valais et des autres cantons suisses. La croix blanche sur fond rouge enveloppe la cour principale. Que la fête commence! Avec hymne national et hymne de Moi pour toit que les enfants chantent en français. « La distance n’a pas d’importance » dit-il. Oui et non. Non, pour donner la main à plus petit que soi. Oui, pour nous et pour ces compatriotes qui se retrouvent dans un bout d’Helvétie sans lanterne mais illuminés par la flamme de la tendresse colombienne. Celle qu’allument ces 180 enfants et ces 70 employés qui, tous, se sont mis aux quatre épingles suisses pour un hommage d’amour et d’humour. Défile la direction, chaque membre déguisé en un élément de notre patrimoine: banque, fromage, chocolat, montre, couteau suisse. A en pleurer de rire et d’émotions retenues ou lacrymales. Puis Heidi entre en scène montée comme un gâteau d’anniversaire: les 722 ans de la Confédération célébrés à l’autre bout de notre monde, cocktail de cultures qui s’entrecroisent sous le signe de la main tendue vers l’autre. Celle de Moi pour toit, cette organisation valaisanne qui oeuvre depuis vingt-six ans pour le droit à la vie et à la dignité.

Même le FC Sion…

Tiens, vous avez dit bizarre? Même en Colombie, à Pereira, à la fondation, on n’échappe pas au FC Sion. Onze petits garçons portent fièrement l’équipement du club valaisan, offert par Christophe Bonvin, l’un des parrains d’honneur de la fondation. Fièrement? Oui. Plus même que certains joueurs « sédunois ». Drôle de constat, quand le rouge et le blanc ne sont pas deux couleurs, mais l’espoir d’une vie et d’un avenir moins sombre qu’un ciel d’orage tropical.

La fête continue. Avec röstis, fromage, viande sèche et petit verre de vin pour les visiteurs valaisans. Sur le mur du dortoir des garçons, surprise! Une page du « Nouvel liste » composée pour l’occasion. Avec petite annonce pour la recherche d’éducateurs, avis de disparition et dernière nouvelle, l’arrivée d’Eléonore Darioli, une infirmière valaisanne qui offre une année de son temps à soigner les corps et les coeurs de ces petits cabossés de la misère affective. On n’en croit pas nos yeux ni nos oreilles. La joie éclate en mille sourires et regards dans la cour principale du foyer. Une sorte de cour des miracles qui vous font croire en la vraie solidarité. Nos Valaisans croulent sous les bisous de ces petits bouts de chou qui vous collent à la peau et à l’âme. Sous les lunettes à soleil, la météo est humide. Larmes de bonheur chargé de compréhension. Moi pour toit, ce n’est pas trois mots en l’air de rien. C’est Juan, Andrés, Paola, Jessica, Carlos et déjà 9000 enfants passés dans cette main tendue depuis le Valais. C’est Cristian aussi, sans « h », sicario de 14 ans, tueur à gages donc, qui a trouvé refuge à la fondation afin de fuir la mort à laquelle il est condamné depuis qu’il s’est évadé de la « Cordillera », la plus grande bande criminelle de la région.

Amour. Humour. Réalité de leur vie et de ce 1er août vraiment pas comme les autres. Sans discours officiel, sans artifices, sans lampion.

Mais avec un coeur gros comme la distance qui n’existe plus entre la Suisse et la Colombie. Lendemain de fête nationale: les Valaisans ont plus que treize étoiles dans leurs yeux… Pour toujours.

CE N’EST RIEN DE L’ECRIRE

Ce 1er août, j’ai, comme nombre d’entre vous, tenter de bredouiller les paroles de notre hymne national, avec peu de succès je l’avoue! J’ai cependant quelques excuses à faire valoir. Premièrement, l’entendre en langue romanche n’aide guère; ensuite, le faire sous le regard de 180 enfants de Moi pour toit, à 9600 kilomètres du Valais, est pour le moins marquant. Je n’ai pas mis ma main sur mon coeur, car les coeurs de ces 180 « ninos » nous tendaient la main. Fêter un 1er août ainsi est…

Que des enfants en mode survie, tout comme le centre d’urgences Louis-Ernest Fellay qui les accueille encore, nous jouent la légende de Guillaume Tell, que d’autres déclament sous formes de scénettes la légende d’Heidi, m’a rendu (si) fier d’être Suisse comme jamais encore. Fier de la Suisse, fier de ce bout de vieux pays qu’est le Valais. Fier que ce soit sur les valeurs, les règles de droit et de respect de notre pays que ces enfants voient un futur différent à leur réalité. A notre arrivée dans ce foyer d’urgences de Moi pour toit, c’est l’épouse de Guillaume Tell, Angela, 12 ans, qui remerciait ce fou de papa Christian de réunir, là-bas en Valais, toutes ces aides, vous, à leur secours. Ce 1er août, je l’ai vécu au milieu de 180 ambassadeurs de notre pays. Alors, ce n’est rien de l’écrire, mais le 1er août 2014, je chanterai haut, fort et clair les paroles de notre hymne. CHRISTIAN GIRARDET, membre du comité de fondation, à son troisième voyage à Pereira

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