Fondation Moi pour Toit

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Un livre émouvant : la robe bleue
Par: Fondation Moi pour Toit
Dans:Presse
Le 20 Jan 2017

En 2017, la fondation Moi pour Toit fête ses 30 ans de lutte en faveur des enfants nécessiteux de Pereira en Colombie. Au début des années 90, papa Christian avait ouvert un foyer pour douze petites filles en danger d’exploitation sexuelle, âgées de 10 à 12 ans. Aujourd’hui, ce sont des mères de famille qui approchent de la quarantaine. En novembre prochain, un livre racontera leur histoire qui est celle de Moi pour Toit.

Vous pouvez déjà réserver votre exemplaire au prix de souscription de
20 francs (au lieu de 30 francs), à verser sur le CCP 19-720-6, Fondation Moi pour Toit, 1920 Martigny, mention «Livre».

La Gazette publiera une histoire par mois tout au long de l’année. Voici la première.

Pereira, le 13 novembre 1993

A mon cher papa et à ma chère maman, voilà huit ans que vous n’avez pas revu votre petite Monica chérie. Elle a bien grandi, vous savez. Papa, tu serais fier et certainement un peu amoureux de moi, parce que je ressemble comme deux gouttes d’eau à maman. Mais… en plus jeune! Je crois que je suis presque aussi jolie.

Voilà huit ans.
La dernière fois que tu m’as vue, papa, j’étais dans cette petite robe bleue que tu m’avais offerte et qui m’allait si bien.
Tu te souviens?

J’avais 8 ans.
Et je n’ai pas oublié la statue de la Vierge dans la chambre commune. J’ai toujours l’odeur des fleurs qu’on déposait délicatement dans un verre au pied de la maman de Jésus et j’ai encore en mémoire les rires et les prières que nous faisions avec une profonde dévotion au- tour de la table de la cuisine.

Papa, maman… Je n’ai rien oublié.

Avec la petite et les deux grandes, on a souvent pleuré dans le silence. On a parfois joint nos mains dans le recueillement. On a aussi prononcé les douces paroles que l’on adressait à la Vierge.

Comme vous nous l’aviez appris. Nous avons prié avec dévotion pour votre repos, papa et maman. Moi, je n’ai pas encore réussi à prier pour ceux qui vous ont tués. J’ai oublié leurs visages ou je veux les oublier. Je me souviens seulement des gouttes de sang qui tachaient ma petite robe bleue. Celle que tu m’avais achetée, papa. C’était il y a huit ans.

Alors, nous sommes allées toutes les quatre chez grand-mère. Elle est belle, sa maison. Elle est grande et confortable. Elle a une splendide véranda ornée de fleurs multicolores. Il y a même un perroquet avec lequel j’ai tenu de grandes conversations. Mais ça s’est très vite détérioré, vous savez.

Grand-mère vit avec un homme qu’elle aime. Et ce monsieur a abusé de mes sœurs aînées qui n’ont rien osé dire. Elles avaient terriblement peur. Moi aussi. Un jour, il m’a violée. Je suis tombée enceinte. Mais je ne connaissais rien aux problèmes de grossesse. J’avais de perpétuels malaises. Je ne savais pas d’où ça venait.

Un premier médecin consulté m’avait parlé d’amibes. Et un beau jour, on diagnostiqua une grossesse de plus de sept mois. Le seul choc de la nouvelle provoqua l’avortement d’un bébé mort-né.

Une première fois, ma robe avait été souillée par des inconnus sans scrupules et sans loi.
Maintenant, c’était mon corps qui était maculé et meurtri par un homme sans cœur et sans âme.
C’était il y a quatre ans. Mais je savais que, de là-haut, vous veilliez sur moi.

Je savais que vous me tendriez une main secourable, et cette main, je l’ai touchée. C’est celle de la fondation Moi pour Toit, qui m’a recueillie et qui abrite désormais ma prière.
Mais vous, papa et maman, vous qui êtes proches de la Grande Dame Blanche, demandez-lui aussi de jeter un regard compatissant et protecteur sur votre fille Monica et sur ses sœurs.
Je vous aime et je vous serre contre mon cœur qui a recommencé à sourire.

Votre fille Monica

2017: Ruth Monica Botero a eu 40 ans le 7 mai 2016. Elle vit à Medellín avec son fils de 21 ans, étudiant en ingénierie.

Article paru dans la Gazette de Martigny du 20 janvier 2017 à télécharger ici (pdf).

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