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Hommages à Christian Michellod
Par: Fondation Moi pour Toit
Dans:Presse
Le 18 Août 2023

Journaliste et fondateur de Moi pour Toit, Christian Michellod est décédé subitement en Colombie.

MARTIGNY Le vendredi 30 juin, dans la Gazette, Christian Michellod rendait hommage à son ancien collègue et ami, Michel Gratzl. Il écrivait notamment à son sujet: «la passion débordante, ex-primée, ressentie, communiquée, partagée, vécue, ancrée au fond de toi, de ton cœur, de ton âme. Simplement, la passion de la vie. Tu as de la chance, mon Micky. Tu sais déjà qu’il y en a une après la mort! Nous pas.» Et aujourd’hui, il rejoint Micky dans les étoiles. Cruel destin.

Christian Michellod, «Mic» pour les intimes et les autres, «papa Christian» pour plus de 10 000 enfants de Pereira, avait soigné son cœur meurtri lors d’un voyage en Colombie en créant la fondation Moi pour Toit. Une histoire incroyable qui explique bien la générosité et l’amour débordant qui animaient cet homme qui maniait la langue française avec talent et humour. Hommages.

Les yeux de Christian étaient les fenêtres de son âme. Il y avait toute détermination, la passion et la vie d’un homme dans ce regard. Il auréolait de bonté tout ce qu’il touchait.

Christian parlait avec beaucoup d’émotion. Il nous racontait une histoire plurielle, celle d’enfants défavorisés qu’il a sauvés, de l’autre côté de la planète. Ils l’appelaient d’ailleurs tous «Papa Christian». C’était la musique de la vie et de l’amour qui les liait.

La générosité est le mot de passe pour survoler les frontières et les distances. Là-bas, Pereira, en Colombie, un endroit qu’il n’aimait pas quitter, pour lequel il n’avait qu’une envie: y revenir, encore et sentiments. Pour Christian, si le mouvement de la vie n’était pas tourné vers les autres, il n’était pas intéressant.
En Colombie, j’ai découvert des trésors d’humanité grâce à Papa Christian. Ces souvenirs sont vivants, ils sont là, dans ma tête, et je leur rends visite régulièrement pour me recharger, me rappeler. Des expériences dont vous gardez une trace indélébile bien après avoir quitté le «pays des émotions», comme il aimait à l’appeler. Une encre dans laquelle puiser.

Dans le paysage que pendant des années, nous avons regardé par nos fenêtres, il manquera désormais une montagne, car Papa Christian était immense, immense dans son humanité, immense dans son âme et dans son cœur.

Certains maîtres comptent dans une vie. Ils élèvent.

Le message d’Alexis Giroud à son ami.

Tu étais, pour plus de 10 000 enfants de Pe- reira, le «Papa Chris- tian» qui les a sortis de la rue pour leur offrir un foyer. Ce «Papa Chris-cœur de tous ces enfants, de tous tes enfants. Des cœurs si jeunes et qui ont déjà trop vu, trop vécu, trop souffert. Tu étais le refuge de ces garçons qui ont le choix entre le vol et la drogue. Le papa de ces adolescen- tes qui ont le choix entre la prostitution et la pros- titution.

Tu étais l’ami de tous et le mien… moi qui t’appe- lais Mitz… Cette amitié, nous la forgeons au cours de nos années d’osmose à l’Uni de Fribourg. On est inscrits en faculté de lettres et on lit, on lit, on lit énormément. Et quand on ne lit pas, on bouquine. On aime la langue. On aime le mot. On aime le jeu. On aime le jeu de mots. Celui qui dessine un sourire ou, mieux encore, qui déclenche un rire parfois franc, fou souvent.

On vit de poésie et d’amitié. On est, je le dis à voix basse parce que les murs ont des oreilles, on est «cul et chemise» et on ne sait pas, c’est toi qui le dis, qui est la chemise. Oui, Mitz, on fait au minimum cent coups par année, et comme on reste quatre ans, autant dire tout de suite qu’on fait les quatre cents coups.

Évidemment, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans… Toi tu dirais: «c’était il y a longtemps, quand la mer Morte n’était pas encore malade». Et moi, j’aime ton humour. J’aime l’humour d’une manière générale. Celui qui rime avec amour. J’aime l’humour parce qu’il est désarmant. Et ce qui désarme est vecteur de paix laquelle est source de joie.

La langue française que tu vénères tellement n’est pas ingrate avec toi puisque maintenant, lorsqu’on parle d’un texte qui a une âme, un texte spirituel qui monte à la tête aussi facilement que s’il était spiritueux, on dit «c’est comme Mic»! «Moi pour Toit», TOIT… C’est ton jeu de mots le plus connu, le plus entendu… Il est avant tout la concrétisation d’un jeu de mots en un geste d’amour.

La pensée crée le monde. Et si la pensée est le fruit de l’humour, elle crée un monde plus beau. C’est ce que ta brillante intelligence au service de ton cœur débordant de tendresse nous prouve.

Parue dans la Gazette du 18 août 2023

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