Fondation Moi pour Toit

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La croix et la lumière
Par: Fondation Moi pour Toit
Dans:Presse
Le 17 Fév 2017

En 2017, la fondation Moi pour Toit fête ses 30 ans de lutte en faveur des enfants nécessiteux de Pereira en Colombie. Au début des années 90, papa Christian avait ouvert un foyer pour douze petites filles en danger d’exploitation sexuelle, âgées de 10 à 12 ans. Aujourd’hui, ce sont des mères de famille qui approchent de la quarantaine. En novembre prochain, un livre racontera leur histoire qui est celle de Moi pour Toit.

Vous pouvez déjà réserver votre exemplaire au prix de souscription de
20 francs (au lieu de 30 francs), à verser sur le CCP 19-720-6, Fondation Moi pour Toit, 1920 Martigny, mention «Livre».

La croix et la lumière

Pereira, 1978

L’année est particulièrement chaude sur toute la Colombie et sur Quinchia, la petite ville endormie contre le flanc d’un coteau andin baigné de soleil aux effluves parfumés de café suave. C’est là qu’elle voit le jour, Francia Lorena. C’est là encore, entre le marché bruyant du jeudi et le stade de football enflammé du dimanche, qu’elle va connaître la douceur d’une maman, de sa maman, Consuelo… C’est là aussi et déjà que la vie de Francia Lorena, frêle et innocente enfant, bascule dans le cauchemar et l’horreur. Le jour même de son premier anniversaire.

Une maman, sa maman, Consuelo… lui administre un violent poison. La fillette agonise, en proie à de violentes convulsions. Francia Lorena revient à elle dans une chambre de l’hôpital de Manizalès, qu’elle occupera pendant plus de quatre ans. Parce que l’acide qu’une maman, sa maman, Consuelo… lui a fait ingurgiter, a brûlé son appareil digestif.

Les médecins remplacèrent ses organes intestinaux par des éléments de plastique. Ils déposèrent un tube dans sa gorge pour lui permettre de parler et de se nourrir. C’est ainsi que, grâce à la science, Francia Lorena put sortir de prison. Pour entrer dans… l’enfer.

Sa désillusion est grande lorsqu’elle apprend que la mère est jugée indigne dans son rôle de maman. On donne la tutelle à la grand-mère chez qui la jeune enfant habite désormais. Francia Lorena connaît et éprouve le vide causé par l’absence d’un être cher. Elle souffre d’une maman, de sa maman, Consuelo… qu’elle n’a plus le droit de voir. Et qu’elle ne revoit pas. A cela s’ajoutent les mauvais traitements que l’aïeule lui fait subir depuis quelque temps, allez savoir pourquoi… Que se passe-t-il dans la tête de ces gens qui avilissent, abrutissent et finissent par tuer l’enfance? La grand-mère prend un malin plaisir à humilier et brutaliser sa petite fille. Celle-ci vient de fêter ses 10 ans.

Pourquoi est-elle comme ça, sa grand-maman? Où la trouver, la maman, sa maman, Consuelo…? Autant de questions sans réponses. A moins que… Oui, peut-être y a-t-il une issue? La rue.

C’est là, dans la rue froide, dans la jungle impitoyable, que Francia Lorena veut faire sa vie. C’est vrai qu’elle est grande, qu’elle est mûre! Elle a… 11 ans! Elle vit avec une bande de gamins de son âge. Elle apprend à se débrouiller. Elle se débrouille pour apprendre.

L’engrenage est inévitable, le cours des choses inflexible, et inexorable la descente aux enfers à travers la Galeria. Au moment où le soleil transforme l’azur du ciel en flammes d’enfer, elle fait la manche sur le trottoir crasseux. A l’heure où la lune auréolée de nacre nargue les hauts clochers de la ville, elle renifle une «solution» enivrante de faux espoirs jamais réalisés. Et lorsque la nuit se fait d’encre, elle connaît l’amère expérience de l’amour vendu à des yeux sans lumière.

A 12 ans, elle se retrouve au Lazaro Nichols, un foyer de rééducation, au cœur de la ville de Pereira. Elle va à l’école et, comble de bonheur, retrouve la trace de sa maman qui lui rend de fréquentes visites. Il est mardi. «Francia Lorena, téléphone pour toi!»

«On a tué Consuelo, ta maman, dans ce quartier de la Galeria où tout est permis!» Les mains de la fillette se mettent à trembler. Ses yeux se voilent de gris. Ses jambes flageolent et sa gorge se serre. Elle a juste le temps de reconnaître la voix de sa grand- mère avant de reposer le combiné du téléphone.

C’est peu après qu’elle rencontre un ange. Un vrai ange, aux yeux sincères et au cœur pur. Et cet ange l’invite chez lui. Il habite dans un foyer qui s’appelle Moi pour Toit. Depuis, c’est la maison de Lorena. Elle y fait la connaissance de Don Christian qui vient de Suisse pour s’occuper d’elle.

Un homme pas comme les autres. Un homme? Non… Un papa. Son papa Christian…

2017: depuis quinze mois, Francia Lorena Jaramillo vit à New York où elle étudie l’anglais. Elle possède un master en Sciences de l’éducation obtenu à Santiago du Chili et un bachelor en psychologie clinique reçu à Pereira en Colombie. Célibataire, elle a 39 ans et un fils de 18 ans.

Article paru dans la Gazette de Martigny du 16 février 2017 à télécharger ici (pdf).

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